Le 14 mars 2025, l’Éducation nationale française a fait l’annonce d’un contrat de renouvellement de ses licences Microsoft, déclenchant une onde de choc dans le monde éducatif et politique. Ce contrat, d’une durée de quatre ans, s’élève à environ 75 millions d’euros, pouvant atteindre 152 millions, et couvre divers types de licences pour les agents des ministères concernés. La société Crayon France a remporté la majorité de ces contrats, soulignant ainsi l’influence marquée de Microsoft dans le secteur public français.
La décision de renouveler ces licences a suscité des critiques, notamment de la part du député Philippe Latombe qui a interpellé la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, au sujet de cette dépendance à un fournisseur technologique non souverain. Latombe souligne que l’utilisation de solutions américaines contrarie les directives visant à promouvoir l’utilisation de technologies souveraines, surtout dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
De plus, le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL) a dénoncé la gestion du contrat, soulignant qu’il a été attribué sans mise en concurrence sérieuse et en violation des consignes de l’État sur la gestion des données sensibles. Cette démarche se heurte également aux principes établis pour protéger la souveraineté numérique, alors même que la sécurité des données est une préoccupation majeure.
Ce renouvellement soulève également une question d’incohérence au sein même de l’administration. En effet, quelques jours avant l’annonce du contrat, une note avait été adressée aux recteurs d’académie, les exhortant à proscrire les solutions non souveraines pour protéger les données sensibles. Cette contradiction met en lumière une dissonance au sein de l’administration centrale, qui semble en désaccord avec les directives de sa propre Direction du numérique.
Un autre sujet sensible est la migration de l’École Polytechnique vers Microsoft 365, qui suscite des inquiétudes sur la protection des données de recherche, surtout compte tenu de la nature sensible des travaux menés dans cette institution. Le CNLL demande l’arrêt immédiat de cette migration, arguant qu’elle a été effectuée sans consultation adéquate des parties concernées.
La polémique autour de l’abandon des logiciels américains, provoquée par ce renouvellement des licences Microsoft, met en lumière des enjeux importants concernant la souveraineté numérique, la protection des données et la compatibilité des actions de l’Éducation nationale avec ses propres directives. Les répercussions de cette décision résonnent non seulement dans le secteur éducatif, mais aussi parmi les acteurs politiques et associatifs qui prônent pour une plus grande autonomie technologique de la France.
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